Découverte d’un trésor familial
Au décès de notre grand-mère, mes oncles et tantes s’attèlent à l’évacuation de sa maison. Un vaste espace, agrémenté d’ateliers de sculpture, dont les murs ont vu défiler l’histoire de famille des 𝐂𝐨𝐭𝐭𝐞𝐫𝐞𝐚𝐮.
Des milliers d’objets s’amoncèlent. Des trésors refont surface. Parmi eux, une 𝐜𝐨𝐫𝐫𝐞𝐬𝐩𝐨𝐧𝐝𝐚𝐧𝐜𝐞 datant de la Grande Guerre. Intriguée par ces missives de mon arrière-grand-père, Marcel, je déplie et lis religieusement chaque feuillet jauni par le temps. Subjuguée par les courbes rondes et les fines pattes de sa calligraphie, il me cloue d’admiration. Par sa dévotion sans faille, par sa bonté de cœur, par son amour inconditionnel pour sa famille.
Le bonheur d’une descendance
Lettre après 𝐥𝐞𝐭𝐭𝐫𝐞, je mesure ma chance. Notre chance. La sienne, de savoir lire et écrire, à une époque où cela n’est pas universel. Il le déplore, malheureux sont les soldats dénués de ces facultés, privés de ce lien avec leurs êtres aimés.
Celle de sa « chère Lise », de ses « 𝐜𝐡𝐞𝐫𝐬 𝐭𝐨𝐮𝐬 ». J’imagine leur soulagement à la réception de chaque missive, leur réconfort de le savoir sain et sauf, de ne pas endurer le doute permanent.
Celle de sa 𝐝𝐞𝐬𝐜𝐞𝐧𝐝𝐚𝐧𝐜𝐞. Pour ce trésor et sa conservation. Nous n’avons pas tous l’occasion de rencontrer nos ancêtres. Oui, rencontrer. Derrière ses mots, j’apprends à le connaître. Je lis ses émotions, ses états d’âme.
La filiation par le cœur
Au-delà des liens du sang, l’affection du tracé nous rapproche. Celui qui nous permet de coucher notre imagination sur le papier. Moi, celui des 𝐦𝐨𝐭𝐬, lui, celui des dessins. Nos outils sont différents, plume ou crayon de bois, stylo ou clavier d’ordinateur, mais notre moteur est le même. Notre poésie, notre sensibilité. Notre amour du Beau, du Bon.
« Verba volant, scripta manent. »
Offrir à autrui de découvrir ses ancêtres ou d’être celui qui laisse une trace : tel est mon vœu en créant 𝐋𝐚 𝐏𝐥𝐮𝐦𝐞 𝐝𝐞 𝐋𝐮𝐜𝐢𝐥𝐞. Cette correspondance m’a marquée à l’encre indélébile. J’y ai touché du doigt mes racines, mon histoire de famille. Je mesure ma chance et j’aimerais que d’autres, un jour, mesurent la leur.